dimanche 9 août 2015

Rencontres d'Arles 2015 : Où est la photo ? (1)

Réponse 1 : Il n'y a là qu'une photo ; celle que mon œil a prise, vers l'extérieur,  à travers une des fenêtres de l'atelier de la SNCF où a été installée l'expo "15". On peut y constater l'avancée des travaux du futur site de la fondation Luma.
Réponse 2 : Là, il y a au moins 2 photos : celle qui est exposée et représente un singe et celle que mon œil a faite, et qui inclut dans l'angle haut à droite de la première photo, le reflet d'une fenêtre donnant sur l'extérieur.(il m'amuse de penser que si je ne venais pas de donner cette explication sur le reflet, on pourrait croire qu'il y a une troisième photo, collée dans l'angle haut à droite de la première et représentant un chantier; cela obligerait alors à se demander pourquoi un tel collage de la part du photographe ?).
Réponse 3 : En apparence deux photos, celle qui est exposée et celle que j'en ai faite en utilisant le même procédé de l'inclusion d'un reflet, mais cette fois, intérieur à la salle d'exposition : une rampe lumineuse accrochée au plafond. En réalité, il y en a au moins trois : En effet le photographe ukrainien a utilisé une vieille carte postale, du temps de l'URSS, qu'il a malicieusement détournée, ce qui en fait même une quatrième !
Réponse 4 : Là aussi deux photos : celle de l'artiste exposé et ma photo de sa photo. Mais en plus, il y en a d'emblée une troisième : celle de l'arbre qui se trouvait derrière moi et se reflétait dans le cadre exposé et puis il y a là aussi le reflet de la vue au dehors et celui de ce visiteur qui prend la "vedette" à la photo exposée,(une autre carte postale que celle utilisée pour la précédente photo), du fait qu'il est plus visible qu'elle : alors combien de photos ?

jeudi 6 août 2015

Mon oeil sur les devantures

En voilà une que n'est pas près de détrôner dans mon cœur, tous les essais "culture" de nos Leclerc et autres super "U" qui ont  commencé, en s'inspirant de leur propre "culture", de vous proposer le troisième livre offert pour l'achat de deux ! (vous pourriez ainsi choisir par exemple un "Ah si y avait pas ma fille" de J.M Lepen, et "les gaucheries de ma gauche" par François Hollande et vous  offrir "Le capital "de Karl Marx, ou le dernier Larrouturou)
Quelle chance de voir survivre une si belle boutique, adossée à une ogive, et flanquée de ces deux étranges portes, l'une au claustra vert évoquant comme une récup peinturlurée de porte de prison ou d'abbaye médiévale, l'autre hésitant encore entre la Belle époque et le Napoléon III, et puis ce rouge qu'aucun boucher n'oserait plus arborer !
Vous avez dit modernité ?
Et cette "inette", qui a perdu son "G", ne vous fait elle pas de la peine, à ne pas savoir que mettre sur ce mur blanc et devoir solder ses robes pour que l'on se décide enfin à se marier.
 Là, il y a plus d'idées quant à la déco, chez Monsieur Merle, plombier, qui évoque avec son perroquet -  l'a-t-il fait exprès ? -  le célèbre sketch de Fernand Reynaud, auvergnat comme lui : "qui c'est ?"...
Mac Dil, un magnifique "Mac do" du pauvre de centre ville.
Quant aux dernières,
elle ne sont pas de Mon œil mais de celui de Jacques P., fervent et assidu visiteur de notre blog.

mardi 4 août 2015

Mon oeil sur les inégalités (1)

Anniversaire : 4 août 1789 : Abolition des privilèges
 
Pour éradiquer la misère en France, il faudrait 20 MM € par an (à rapprocher des 15 MM € par an de cadeaux fiscaux aux plus riches depuis 2 000) ! L'effort de la France la place au 7ème rang européen ; sa dette provient de la faiblesse de ses recettes fiscales pas de ses dépenses.(1)

(1)Source ATD Quart Monde "en finir avec les idées reçues sur les pauvres et la pauvreté".

(Publicité B&B ; le "Ooh!Vouiiiii" est de mon œil)

vendredi 31 juillet 2015

Jean Christophe Bailly : Le dépaysement. Voyages en France. Saint Etienne : Illustration (suite 7 et dernière)

Car il faut le dire, et cela saute aux yeux, dans plusieurs groupements de parcelles, aujourd'hui, l'ordre règne : ni cabanes de guingois, ni bataillons de fleurs éteintes - rien qu'une surface de production dûment peignée autour d'un cabanon réglementaire de couleur unie et, surtout privé de tonnelle et même de fenêtre ou d'auvent : sous la pression d'une idéologie composite où rentrent pour une bonne part des réflexes petit-bourgeois d'ordre et de conformité teinté d'un souci écologique plus normatif que généreux , les jardins semblent pouvoir, si nul n'y prend garde, glisser peu à peu vers une caricature où plus rien d'ouvrier et surtout de libre,de retiré, d'errant ne subsistera.





J'ai entendu dire que les propriétaires de pavillons qui se construisent alentour des jardins et qui lotissement après lotissement, finissent par les rejoindre se seraient plaints, justement de l'aspect négligé de beaucoup d'entre eux. On comprend facilement ce qui est en jeu ici, l'énigme sociologique n'est pas bien grande, mais mine de rien ce sont deux mondes qui s'opposent. Le second, celui qui arrive avec les pavillons,[.]peut se présenter avec arrogance comme le visage du renouveau ou de la modernité(ce serait bien dans le ton d'une époque où les ouvriers qui font grève sont décrits comme "hostiles au changement"), il n'est pourtant que le fruit d'un avachissement du présent sur lui-même.
Dans la combe de la Cotonne ou du côté de Montaud, partout où les jardins se sentent libres entre les palissades bricolées et des assauts d'herbes folles, par contre, ce que l'on peut percevoir, et peut être est-ce déjà une survivance, c'est un nouage étonnant, étonnamment raffiné, entre des temporalités différentes - rêve d'un futur éteint dans un passé qui chantonne, et un présent sans doute ouvert sur lui-même mais comme une jachère.

Le rêve d'une chose ? Oui et au fond c'est bien simple : les jardins ouvriers quel que soit leur mode associatif ne relèvent pas du régime de la propriété privée - et c'est cela que d'emblée ils rendent visible, c'est cela que l'on ressent, confusément quand on les longe et qui se précise quand on s'y promène.
Et s'ils ont quelque chose d'un fragment discret d'utopie, ce n'est pas seulement pour cette raison, c'est aussi parce qu'ils ajointent souplement à cette élision de la propriété privée, la sensation - et les gestes concrets - d'une appropriation.
Chacun est chez soi dans ce qui pourtant n'est pas à lui, et cela n'a rien à voir,même s'il y a une ressemblance dans le statut avec la simple location.Car l'appropriation que l'on voit et ressent est à la fois solitaire (chacun est maître de sa parcelle) et collective - c'est le tissus de toutes les parcelles qui forme le jardin, et ce qui est induit, comme une enquête même brève peut le confirmer, c'est aussi tout un ensemble de pratiques que cette forme d'association entraîne : semences ou plants qui naviguent d'un bord à l'autre du groupement, secrets, recettes et même effets de mode qui se propagent en ricochant.