mardi 30 avril 2019

Mon œil est tombé en arrêt devant ces portraits de Pierre Gonnord !

A priori, aucune raison particulière à cet étonnement, si ce n'est le ressenti de l'impeccable adéquation de cette exposition avec le lieu : des visages de mineurs dans une salle du site Couriot où se trouve le Musée de la Mine de Saint Étienne.
Mais il y a aussi ces regards auxquels il est impossible d'échapper tant ils sont fixés sur vous comme pour un défi qu'ils vous lanceraient : peut être celui de tenter de savoir ce que c'était que cette vie que l'on menait là dessous, au fond !
Oui ! il y a comme un reproche, mais pas seulement, rien d'agressif en tous cas, plutôt comme une résignation, une lassitude, une modeste fierté :" Non ! vous ne pouvez pas savoir !"
D'abord ce premier visage où flotte un infime strabisme qui colore un regard à vous faire penser qu'on l'a déjà croisé, et qu'il va peut-être vous reconnaître et tenter de rameuter un pâle sourire pour vous saluer ; "le sourire c'est pour vous !, parce que la Mine..."
Et puis, il y a cette face sérieuse et bien énigmatique, regard velouté de tristesse, tourné vers vous, mais sur un corps de profil, comme s'il s’apprêtait à partir, ou comme si le personnage calotté de noir, n'avait bien voulu se prêter à ce portrait qu'à contre cœur ; mais il n'y a rien de crispé dans tout ça, et même dirait-on une attention de curiosité envers vous. Les yeux sont mouillés mais pas de larmes, de dur labeur semble-t-il, et d'interrogation bienveillante aussi: "C'est comme vous voulez, mais pourquoi moi ?!".
Je perçois un peu la même interrogation de la part de cet autre personnage, qui lui, semble venir de troquer son casque de mineur contre celui d'une épaisse chevelure, pour poser devant l'objectif. Il se dégage une force étonnante de la puissance de son cou et se superpose à l'image, le son de la saignée opérée violemment à la pioche, dans la veine de charbon.
Les yeux rougis de fatigue mais le regard bien posé appellent humblement mais fermement au respect.
Il y aurait encore à dire, alors je vous confie ces deux "et cætera !".
Un conseil de lecture : "le jour d'avant"[la catastrophe de Lievin] de Sorj Chalandon...

mercredi 17 avril 2019

Mon œil à l'ancienne École des beaux arbres et sur l'arbre monde *

Il a une voix douce, mais pressante comme s'il y avait un enjeu. "Ça va vous intéresser de voir ce que fait notre groupe. De savoir comment votre travail a avancé en votre absence".
Sa réputation resurgit des enfers souterrains. Une poignée d'articles dispersés légitime son travail initial sur les sémaphores aéroportés. [travail de Patricia Westerford lui ayant permis, des années auparavant, d'avancer que certains arbres entraient en communication avec d'autres]

De jeunes chercheurs découvrent des éléments qui le corroborent, chez une succession d'espèces : les acacias préviennent d'autres acacias des girafes en maraude. Les saules, les peupliers, les aulnes : tous sont surpris à s'avertir mutuellement par voie aéroportée des invasions d'insectes . Ça ne change rien pour elle, cette réhabilitation. Elle se fout un peu de ce qui se passe en dehors de cette forêt.
Le monde dont elle a besoin se trouve tout entier ici, sous cette canopée : la biomasse la plus dense qu'on puisse trouver sur Terre. Des torrents abrupts et métalliques érodent des empilements rocheux où pondent les saumons, de leur eau assez froide pour tuer toute douleur. Les automnes flamboient sur des crêtes muées en jade par la mousse et jonchées de branches tombées. Dans les trouées éparses ménagées çà et là au cœur du sous bois, se réunissent des sociétés secrètes de sureaux, myrtilles, symphorines, bois piquants, holodisques, et kinnikinnicks. De grand conifères, tout droits, monolithes hauts de 15 étages, épais d'une longueur de voiture, leur font un toit. L'air autour d'elle résonne du bruit de la vie qui s'affaire :
Le tchibi d’invisibles roitelets. Le marteau-piqueur, poc-poc industriel, des piverts à l'ouvrage. Le bourdonnement de la fauvette. Le frisson d'aile de la grive. Les bip-bip des coqs de bruyère au hasard du sous-bois. La nuit, le hululement frais des chouettes lui glace le sang.[ ]
Il s'avère que les millions de boucles invisibles et emmêlées de la jungle tempérée ont besoin de tous les intermédiaires et courtiers de la mort pour faire fonctionner les circuits. Si on nettoie un tel système, on assèche les innombrables sources auto-nourricières.
Cet évangile de la sylviculture nouvelle est confirmée par les plus merveilleuses découvertes : des barbes de lichen très haut dans les airs, qui ne poussent que sur les plus vieux arbres et réinjectent l'azote vital dans le système vivant. Des campagnols souterrains qui se nourrissent de truffes et répandent les spores du champignon des anges dans tout le sou-bois. Des champignons qui infusent dans les racines des arbres, en une osmose si étroite qu'il est difficile de dire où s'arrête un organisme et où commence l'autre. Des conifères massifs d'où percent des racines adventices au plus haut de la canopée, qui replongent pour se nourrir des matelas d'humus accumulés dans les fourches de leurs propres branches...................
* "L'arbre monde" Richard Powers Cherche Midi 2018

dimanche 14 avril 2019

Mon œil sur les graffeur(se)s de La Seyne (1)

Elle signe @camille diss et elle a écrit sur ce corps de femme: "je ne parlerai pas, je ne peux. Mais l'amour infini me montera dans l ....comme un bohémien ........femme

et sur celui-là : "par les soirs bleus"

vendredi 5 avril 2019

Mon oeil a les yeux bleus !

Comme c'était aujourd'hui la fin annoncée de notre hébergement sur Google : à bientôt ! (peut être sur un site plus accueillant).