samedi 21 novembre 2015

Mon oeil sur l'Actu (12) : vendredi 13

  Entre effarement,colère, compassion, et réflexions, merci les amis !

 

A Francine (qui m'a transmis cette lettre )

A Bernard, (auteur de ces réflexions sur son blog : http://www.coletmontée.fr )

Face au terrorisme, que faire?

Quelques réflexions à chaud, n’ayant aucune prétention exhaustive et encore moins irréfragable!
Ce que l’on craignait n’a pas tardé à se produire, et va hélas se reproduire tant que… tant que quoi?
D’abord il s’agit bien d’un acte typique de terrorisme (du type terrorisme d’État, même si Daech n’est pas un État), et non d’un acte de guerre (la guerre suppose des règles).
Que faire?
Ce qu’il ne faut pas faire:
- penser qu’il existe une réponse purement sécuritaire au terrorisme: un Etat n’aura jamais les moyens de surveiller et prévenir l’imagination meurtrière de la folie humaine (je ne dis pas que tout effort de sécurité intérieure est vain)!
- penser qu’il existe une réponse purement politique: la situation du monde arabe est si complexe qu’aucun pays occidental ne peut y jouer un rôle sans s’y casser les dents, a fortiori dans la division actuelle des pays arabes, des pays occidentaux, et vu l’absence de politique étrangère et d’armée européennes: accroitre notre effort de guerre en Syrie alors que gronde la crise économique et sociale me parait totalement irresponsable; à l’instar des USA, la France doit arrêter de se prendre pour le gendarme du monde!
- faire l’amalgame entre islam et islamisme
- se laisser aller à la peur: il est normal d’avoir peur, il serait anormal de ne pas lutter contre la peur
Mais alors, sommes-nous condamnés à l’impuissance?
Avant de chercher des solutions, il faut d’abord se poser les bonnes questions:
- Peur-on nommer l’ennemi à combattre ou à abattre (à détruire, comme dit Valls)?
    * Si oui, sommes-nous capables de dire en quoi il est notre ennemi (combat idéologique ou économique?), et avons-nous les moyens de le combattre et/ou de l’abattre (après ce qui vient de se passer, est-il sérieux de faire quelques frappes en Syrie sous prétexte de sécuriser la France? Et “peut-on tuer une idéologie avec des bombes”?)?
    * Si non, comme je le pense, il faut revoir notre politique extérieure et laisser les pays arabes s’expliquer entre eux, et faire la transparence au moins sur deux points: notre approvisionnement pétrolier et nos fournitures d’armes, ce qui aura le mérite de faire disparaitre quelques hypocrisies!
    * Maintenant que nous sommes engagés en Syrie, peut-on faire machine arrière sans donner raison aux terroristes? A quoi je réponds qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et que terrorisme et raison  étant antinomiques, il n’y a pas de temps à perdre avec ça!
- Que cherchent vraiment les terroristes? On ne peut que formuler des hypothèses:
    * obtenir notre désengagement en Syrie? Facile à vérifier, voir ci-dessus
    * déclencher une guerre civile en Europe, le “ventre mou” du monde occidental (cf. Abou Moussad al Souri, théoricien de Daech): pour la France, c’est vraiment mal connaitre la patrie des Lumières! S’en prendre indistinctement au peuple français ne peut que renforcer le sentiment et la solidarité nationalistes, ce qui n’est pas forcément désirable, mais je pense que la réaction du peuple de France sera à la hauteur de celle du 11 janvier
Pour se donner un cap, quels sont les objectifs à poursuivre?
Là, retour aux sources (Régis Debray, 12/01/15), car en dix mois, nous n’avons pas beaucoup progressé:
- donner à la nation un projet d’avenir: “Les hommes ne peuvent s’unir que sur un projet qui les dépasse” (et pour moi ce projet passe par l’Europe, qui reste à construire)
- donner au politique la suprématie sur l’économique: “On ne mesure pas la valeur d’un homme à ses revenus”
- réaffirmer la suprématie du politique sur le religieux: seules les valeurs républicaines doivent être les critères du rassemblement
- redonner à l’école tout son rôle d’”instruction publique”, notamment dans l’enseignement du fait religieux
Le peuple de France devrait s’atteler à ces finalités: la construction de réponses communes à ces questions redonnerait du sens à la citoyenneté.
Bernard

PS1: après avoir reçu quelques réactions à cet article, et entendu les Matins de France Culture de ce jour (16/11/15), je complète sur deux points:
- y a-t-il une explication plausible du comportement des tueurs, qui n’apparaissent ni comme des demeurés ni comme des miséreux des bas-fonds de la société?
Une possibilité est la théorie millénariste de la fin du monde (pourri) qu’il faut accélérer pour permettre à un monde (meilleur) d’advenir. Mourir et faire mourir pour sauver, ça devrait rappeler quelque chose à quelques-un-e-s, non? Et une spécialiste de la “dé radicalisation” (Dounia Bouzar, éducatrice et anthropologue du fait religieux)  a aussi décrit comment, pas après pas, on manipule et on décervèle. Passionnant.
- ne faut-il pas s »interroger sur l’islam qui peut conduire à l’islamisme?
Il faut bien sûr s’interroger sur toutes les religions monothéistes, d’où viennent tous les problèmes, et s’accrocher à la laïcité, qui seule peut nous rassembler, en laissant les croyances de toutes sortes à la sphère privée.

PS2: Vous connaissez mon attachement à A. Comte-Sponville. Cette fois encore il ne me déçoit pas: La France est en guerre, mais quelle guerre?

A Jacques.P (qui m'a transmis cette vidéo)
https://youtu.be/v6COoJoVXEU

A Michel G. qui m'a transmis celle ci

http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/ne-renoncer-a-rien-le-cri-de-francois-morel/

mardi 17 novembre 2015

Soulages : le noir ?

A ce même moment, je songeais encore à la toile exposée dans le salon. J'avais remarqué qu'un faisceau de lumière dirigé vers elle modifiait sa surface apparemment plane en un volume strié de fines nervures qui, dans leur partie basse, formaient un vaste et voluptueux mouvement de vague.

Désormais, il m'était impossible de refuser un lien qui s'imposait autant à mes yeux qu'à ma conscience : dans la trace des sillons dessinés, je retrouvais le plan de la mer,
son bercement même, jusqu'au poids de sa matière ondulée.Ainsi pensais-je, il n'existe pas de peinture abstraite puisque celle que l'on a coutume de définir par ce mot si vide ne relève, en fait, que d'une densité réelle

de formes vivantes et rythmées;de cette cadence naturelle qui compose la vie du monde en son point le plus constant, le plus durable;

celui d'une pérennité dont l'homme n'a point idée, qui commande à sa vie et quelquefois, au grand sujet de son art.
(Pierre Soulages ou la transparence du noir. Jacques Laurens. Verdier/Poche)

jeudi 5 novembre 2015

Mais qu'ont-ils bien voulu nous dire ? (1)

Il y a une détresse,
il y a une force assumée ou imposée,
il y a un cri ou un râle
il y a un risque, un vertige
il y a comme un "plus jamais ça"
il y a un élan, une dignité, peut être bafouée
il y a un regard pétrifié, qui transpire
il y a un "quand même !"
il y a comme un sursaut 
il y a comme un "si vous saviez" 
il y a comme un vouloir "s'en sortir"

dimanche 1 novembre 2015

Mon oeil sur les "politiques"



Une œuvre de street-art fait débat  à Saint-Étienne 

[ Mon œil a décidé d'y participer ] ( les ajouts entre [] sont de Mon œil)

 
Si vous habitez à St-Étienne, vous connaissez surement les fresques murales d’Ella&Pitr. Ces deux artistes originaires de St-Etienne forment le groupe des Papiers-Peintres. Ils ont réalisés de nombreux collages de rue, notamment en 2007[?!?!], représentant le plus souvent des colosses ensommeillés, de gros oiseaux aux ailes lourdes, [mais aussi des oiseaux magnifiques comme leurs flamants bleus] des ramasses-poussière, des mangeurs d’enfants, [ mais aussi des pères allaitant leurs enfants] des tas de pierres, des chaises ou encore des troncs calcinés. [Mais aussi de merveilleuses mémés bien facétieuses, des gamins poètes, etc.]


Cependant une de leurs œuvres située l’angle des rues Cugnot et Ferdinand près de la gare Chateaucreux ne fait pas l’unanimité dans le quartier et s’attire les foudres de la municipalité UMP. La fresque haute de plusieurs mètres représente un géant nu, vu de dos et assis sur les ruines d’une ville. « C’est comme ça que l’on voyait Saint-Étienne à l’époque » explique Ella d’Ella et Pitr. Le maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau(x?) lui, [y]voit « un géant qui défèque sur la ville » et trouve impensable de laisser une telle œuvre accueillir les visiteurs de Saint-Etienne.

[L'avis de mon oeil :
Quant on arrive à Sainté, c'est pas par là !

et il faut avoir l'esprit bien tordu pour voir cet homme déféquer : je n'y ai toujours vu que l'image d'un homme si "géant" que pour s'asseoir il fut obligé de le faire sur une partie de la ville qu'il traversait.
Et rien ne dit à celui qui découvre la fresque que ce géant est un stéphanois puisqu'il est né de l'imagination d'un artiste.

Si Monsieur le maire a son interprétation, tous les citoyens en ont peut être d'autres ! C'est l'une des qualités et richesses de l'art. Une consultation des citoyens le montrerait, j'en suis persuadé.
Je ne peux m'empêcher de rapprocher cette réaction de la nouvelle municipalité, de sa campagne de communication actuelle (par dizaines de panneaux Decaux .) "Saint Étienne change le monde par le design"; Personnellement je trouve que des gens comme Ella et Pitr, Ladamenrouge ou autres Macay ont concouru bien autant, à leur manière,  à changer la vision parfois morne que j'avais de cette ville, et pas tous les deux ans avec la biennale (que je fréquente toujours avec intérêt), mais tous les jours en me déplaçant dans la ville. J'ai découvert ça il y a deux jours sur les murs de la pharmacie de la place Anatole France :

 
Un petit effort Monsieur Perdriau, un peu d'humour et qui sait ?! Et si Ella et Pitr avaient voulu représenter avec leur géant le maire de l'époque écrasant sa ville sous les impôts locaux ? c'est une autre interprétation qui aurait,je suis prêt à le parier, fait sourire votre prédécesseur, commanditaire de la fresque !]