Notre Dame des Guingois
(appellation préférée à "Notre Dame de Traviole",jugée comme pouvant apparaître un peu trop irrévérencieuse.NDMO)
samedi 25 juillet 2015
mercredi 22 juillet 2015
Sans titre (31)
lundi 20 juillet 2015
Regard croisé (14)
Ce qui m'émeut dans ce regard, c'est qu'il est là, au dernier carrefour des ruelles du Puy en Velay qui mènent à l'entrée de la cathédrale, (si l'on ne prend pas ses escaliers d'"honneurs"), depuis au moins, les trois cents ans qu'attestent les patientes usures des vents, gels et soleils, qui ont continué à leurs manières et humeurs, depuis qu'il y a porté son dernier coup de ciseau, le travail du sculpteur anonyme.
C'est aussi le léger strabisme que la pierre friable lui a définitivement attribué pour lui donner une énigmatique attention au photographe à qui il semblerait dire : "eh bien toi je te salue, parce que parmi les innombrables passants de la ruelle, peu d'entre eux ont levé la tête vers moi et m'ont adressé ce regard que tu me rends".
Il semble aussi s'interroger de quelque chose, avec peut être, une certaine tristesse, et j'imagine que ça pourrait être le fruit d'une sorte de résignation à se voir imposer une part d'éternité, figée dans la pierre, en échange d'une jeunesse brutalement arrêtée, rançon tragique, que l'art de la sculpture partage avec la photographie, avec plus de puissance encore, me semble-t-il.
C'est aussi le léger strabisme que la pierre friable lui a définitivement attribué pour lui donner une énigmatique attention au photographe à qui il semblerait dire : "eh bien toi je te salue, parce que parmi les innombrables passants de la ruelle, peu d'entre eux ont levé la tête vers moi et m'ont adressé ce regard que tu me rends".
Il semble aussi s'interroger de quelque chose, avec peut être, une certaine tristesse, et j'imagine que ça pourrait être le fruit d'une sorte de résignation à se voir imposer une part d'éternité, figée dans la pierre, en échange d'une jeunesse brutalement arrêtée, rançon tragique, que l'art de la sculpture partage avec la photographie, avec plus de puissance encore, me semble-t-il.
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vendredi 17 juillet 2015
Mon oeil en vacances
Le temps des vacances : ?!?!
une expo?
Bravo Natô, Laurent ...et les autres !
sortir des impasses ?
et ail ! ail ! ail ! Marie Pierre !
revenir au bon goût !
mardi 14 juillet 2015
Jean Christophe Bailly : Le dépaysement. Voyages en France. Saint Etienne : Illustration (suite 6)
[(voir suite 5)"Cela
donc, oui, ce "rêve d'une chose" sur les lieux mêmes d'une toute petite
hypothèse de curé, mais qui aura vu dans une éclaircie, la joie du
travail non aliéné, rencontrer des contenus des matières".]
à commencer par une terre à retourner, celle des abords de Saint Étienne très noire, comme si la vérité de la mine l'avait imprimée par en dessous, et cette terre retenue par paliers successifs, dans les zones pentues par des moyens de fortune :tôles ondulées, couvercles de métal, tambour de lessiveuse formant ds lignes parallèles un peu bombées, parfois au bord de la rupture, courbes de niveau dégageant des bandes larges de moins de deux mètres s'étageant jusqu'à l'ultime palier ou souvent s'appuie la cabane.[.]
Puis selon les saisons, les talents, les patiences, procession de choux montés en bordure, suites argentées de cardons enveloppés pour l'hiver,
salades tantôt rabougries tantôt épanouies s'alignant sous un massif de fleurs fanées, tomates ayant résisté ou non à l'humidité,- les vaincues formant de tristes grappes de retombées noircies -,parcelles tirant sur la perfection d'un manuel de jardinerie ou, au contraire tirant sur la friche avec une cabane qui donne de la gîte,
tonalités de vert pâle et de brun rouillé griffées parfois d'éclats rouge orangé venant des fleurs ou, lorsque c'est la saison, de différentes sortes de courges - les meilleures des parcelles selon moi étant celles qui s'équilibrent entre une culture effective et, productrice, et un art consommé de l'improvisation bâtisseuse, la cabane en effet étant le point d'ancrage : non seulement local où ranger les outils mais aussi, grâce à l'appoint d'une petite tonnelle de préférence un peu fatiguée,
d'une table et d'un banc (assez souvent je ne sais pourquoi, un morceau de miroir cassé installé près de la porte), lieu où accueillir le soir quelque ami avec qui boire un verre, ce modèle réduit de sociabilité,
qui ricoche de parcelle en parcelle et d'un groupement à un autre étant justement ce qui confère aux jardins ouvriers cette allure de zone franche, peut être pas rebelle mais tout au moins dédouanée, affranchie qui sur les franges de la ville, entonne un chant très léger, peut être en train de disparaître.
à commencer par une terre à retourner, celle des abords de Saint Étienne très noire, comme si la vérité de la mine l'avait imprimée par en dessous, et cette terre retenue par paliers successifs, dans les zones pentues par des moyens de fortune :tôles ondulées, couvercles de métal, tambour de lessiveuse formant ds lignes parallèles un peu bombées, parfois au bord de la rupture, courbes de niveau dégageant des bandes larges de moins de deux mètres s'étageant jusqu'à l'ultime palier ou souvent s'appuie la cabane.[.]
Puis selon les saisons, les talents, les patiences, procession de choux montés en bordure, suites argentées de cardons enveloppés pour l'hiver,
salades tantôt rabougries tantôt épanouies s'alignant sous un massif de fleurs fanées, tomates ayant résisté ou non à l'humidité,- les vaincues formant de tristes grappes de retombées noircies -,parcelles tirant sur la perfection d'un manuel de jardinerie ou, au contraire tirant sur la friche avec une cabane qui donne de la gîte,
tonalités de vert pâle et de brun rouillé griffées parfois d'éclats rouge orangé venant des fleurs ou, lorsque c'est la saison, de différentes sortes de courges - les meilleures des parcelles selon moi étant celles qui s'équilibrent entre une culture effective et, productrice, et un art consommé de l'improvisation bâtisseuse, la cabane en effet étant le point d'ancrage : non seulement local où ranger les outils mais aussi, grâce à l'appoint d'une petite tonnelle de préférence un peu fatiguée,
d'une table et d'un banc (assez souvent je ne sais pourquoi, un morceau de miroir cassé installé près de la porte), lieu où accueillir le soir quelque ami avec qui boire un verre, ce modèle réduit de sociabilité,
qui ricoche de parcelle en parcelle et d'un groupement à un autre étant justement ce qui confère aux jardins ouvriers cette allure de zone franche, peut être pas rebelle mais tout au moins dédouanée, affranchie qui sur les franges de la ville, entonne un chant très léger, peut être en train de disparaître.
dimanche 12 juillet 2015
Mon oeil gourmand (4)
vendredi 10 juillet 2015
Jean Christophe Bailly : Le dépaysement. Voyages en France. Saint Etienne : Illustration (suite 5)
A l'ordinaire de vies pliées par le travail, ils [les jardins ouvriers] ajoutaient une sorte de surplus, mais d'essence différente, fonctionnant comme un bief détournant l'énergie. Sans doute. mais dans le même temps, c'est à dire dans le temps de ces heures justement à jardiner - et à rêver - , quelque chose d'autre que cette simple dérivation ou ce simple apaisement est venu et s'est peu à peu imposé : via les gestes mêmes du jardin et les régimes d'objets qui les accompagnent, ce qui s'est construit, loin de toute volonté d'édification comme de tout cadre institutionnel, c'est aussi une sorte d'utopie, d'utopie concrète aux contours incertains - non pas le système tout entier proposé d'une refonte, mais des suites fragmentées de marques légères indiquant souplement, discrètement une autre façon d'habiter la terre.
Ici rien ne doit être amplifié ou idéalisé : il ne s'agit que de petites surfaces, qui sont des surfaces de repos, des sortes de parenthèses, mais lorsque ces surfaces sont laissées à elles mêmes, c'est à dire à la conduite inspirée qui a fait d'elles, malgré tout, des tentatives ou des paliers contemplatifs, alors quelque chose se dessine, qui est à peine plus qu'un givre ou une poussière, mais qui suffit pourtant à emmener assez loin, c'est à dire entre la terre habitée poétiquement, dont un jour, dans un poème, Hölderlin vit s'ouvrir la certitude, et ce "rêve d'une chose" dont Pasolini (1) fit le titre d'un livre, rêve qui [ . ] désigne si on veut bien l'entendre, tout ce qui, du sein d'une époque, cherche à s'arracher à la pesanteur et à la répétition.
Cela donc, oui, ce "rêve d'une chose" sur les lieux mêmes d'une toute petite hypothèse de curé, mais qui aura vu dans une éclaircie, la joie du travail non aliéné, rencontrer des contenus des matières.
(1) Pier Paolo Pasolini
Le rêve d'une chose
Première parution en 1965
Trad. de l'italien par Angélique Lévi
Cela donc, oui, ce "rêve d'une chose" sur les lieux mêmes d'une toute petite hypothèse de curé, mais qui aura vu dans une éclaircie, la joie du travail non aliéné, rencontrer des contenus des matières.
(1) Pier Paolo Pasolini
Le rêve d'une chose
Première parution en 1965
Trad. de l'italien par Angélique Lévi
Collection
L'Imaginaire
(n° 201), Gallimard
Parution
: 11-05-1988
Nini
Infant, Eligio Pereisson et Milio Bortolus se lient d'amitié pendant
la fête du lundi de Pâques 1948, dans un village du Frioul. Ils se
sont rencontrés sous le signe de l'ivresse, ils se retrouveront plus
tard sous celui des illusions perdues : Nini et Eligio reviennent de
Yougoslavie, Milio de Suisse. La nostalgie de l'Italie et la faim les
ont fait rentrer au pays. Ils participent aux manifestations
organisées par les communistes contre les grands propriétaires
terriens, remportent une victoire provisoire et vivent ainsi une
alternance de moments de joie et de drame. Avec eux et la famille
Faedis, avec les histoires d'amour et les deuils, c'est une double
chronique que Pasolini nous livre – celle des petites gens du
Frioul, celle de la jeunesse, habitée par un rêve imprécis : le
rêve d'une chose.
Libellés :
J.C.Bailly,
jardins ouvriers,
Saint Étienne
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