jeudi 22 novembre 2012

L'oeil à l'orange (3)

A Dominique,

Pour ton anniversaire :

...des fleurs
...un tableau de Cathelin,
un bateau-tableau qui s'ignorait ...
...un petit mot gentil dans ta boîte aux lettres,

...des images de voyage, en couleurs,



du théâtre ... et 
...que du bonheur !



mardi 20 novembre 2012

Chronique de Saint Bonnet

A Cécile* et à Juju *


Il y a moins d'une quinzaine de jours, je me trouvais, au 18 quai Claude Bernard, à Lyon, salle des Colloques, pour assister à la brillante soutenance, d'une thèse portant sur les récits hagiographiques (1) de Venance Fortunat (2), qui, comme chacun ne le sait certainement pas, vécut de 530 à 609.
Aussi hier, débarquant  avec un peu d'avance  au restaurant Chatelard, à Saint Bonnet le froid,

c'est tout naturellement que je décidais de procéder, l'esprit éveillé par le sujet de la récente thèse, à quelques rapides recherches scolastiques (3) "sur le motif" (comme on dirait d'un peintre).
Je ne tardais pas, au premier frisson, à renoncer à me demander si l'attribut de "le froid " pouvait bien s'appliquer à un trait de caractère de Saint Bonnet (4) : il s'appliquait bien plutôt, sans qu'aucun doute ne soit permis, au climat du lieu (n'avions nous pas, pensais-je en un éclair, dû renoncer à venir manger en ces lieux gastronomiques, au mois de décembre, il y a 2 ans.)
 

Le village n'étant pas très étendu, je ne fus pas vraiment surpris de tomber assez rapidement, derrière l'église et face à la mairie, sur la statue du Saint ; constatant qu'il présentait aux passants un évangile et que son pied droit piétinait une statue,(ou un petit personnage), je me promettais en le prenant en photo de me renseigner pendant le repas sur la vie édifiante de Saint Bonnet.
Le maître d'hôtel s'en excusa, mais il n'était pas du village et ne pouvait nous renseigner, même s'il pensait que la statue devait bien être plutôt celle de Saint François Régis (5), saint  très vénéré à quelques kilomètres de là, à La Louvesc. Ne voulant importuner la maîtresse des lieux au moment de prendre congé, nous décidâmes de nous adresser au syndicat d'initiative... fermé le samedi après midi !

L'affaire prenait une tournure amusante pour ne pas dire excitante : le village, s'appelant pourtant toujours St Bonnet, semblait avoir, au cours de l'histoire, "lâché" son propre saint pour un saint voisin, plus célèbre ?, plus intercesseur ?, plus moderne (de 1000 ans plus jeune que Bonnet !)? ; je rentrais alors, sur "l'intuition" de mon épouse, me renseigner chez un vendeur de vannerie ; me félicitant pour mon sens de l'observation, il me raconta que lui, n'étant pas natif de St Bonnet, il pouvait bien me raconter ce qui s'était passé  : Saint François Régis ayant parcouru ces froides contrées pour en confirmer l'évangélisation au début du XVIII ème siècle, il fut fort mal reçu par les habitants de St Bonnet, qui l'éconduirent comme ils le faisaient des vagabonds. Mais lorsqu'il fut canonisé, ils s'en voulurent terriblement et craignant peut être quelque représailles ou "négligences" divines, ils commandèrent, peut être à titre d'"indulgence"une statue de Saint François Régis, qui fut d'abord installée "près des tennis", à côté du restaurant Chatelard, puis rapproché du centre lors de l’agrandissement du restaurant.

Je ressortis satisfait de l'explication, et retournais voir la statue ; je détaillais à nouveau cet étrange aspect  qui m'avait déjà intrigué et pour lequel le vannier m'avait répondu : "plutôt un dragon, non ?" 
Et c'est alors que revoyant le personnage, plutôt sa statuette, me revint en mémoire, la dédicace que maman m'avait dite avoir faîte, à mon sujet, à ma naissance, à Saint François Xavier (6)  (puisque je m'appelais François), et dont je savais qu'il avait été évangélisateur, en Inde, au Japon et  ...en Chine !!!

Le fournisseur en statue des habitants de St Bonnet ne se serait-il donc pas trompé de Saint, réduisant ainsi à néant leur recherche d'indulgence puisqu'en vénérant la statue, ce ne serait pas Régis mais Xavier qu'ils honoreraient ?

Ce serait une bien étonnante prise de pied dans les tapis sacerdotaux de l'histoire !

* : merci à Monique de transmettre à Cécile, quant à Juju je suis parti  à la recherche du Saint intercesseur du Web et l'ai trouvé ! :  Il s’agit d’isidore de Seville (religieux espagnol du VII° siècle), Saint patron des informaticiens, des utilisateurs de l’informatique, de l’Internet et des Internautes."Il a été choisi saint patron des informaticiens à cause de la structure d’un [de ses] ouvrage[s] en 20 tomes nommé ‘les Etymologies’, qui rappelle celle de certaines bases de données nommées les tries, et préfigure les inventions futures du classement alphabétique, puis de la notion d’index ."

(1)hagiographie (du grec ancien ἅγιος hagios, « saint », et γράφω graphô, « écrire ») est l'écriture de la vie et/ou de l'œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d'« une hagiographie » (sauf dans le sens figuré), mais plutôt d'un texte hagiographique ou tout simplement d'une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l'office des moines soit en public dans le cadre de la prédication, on lui donne souvent le nom de légende (du latin legenda, « ce qui doit être lu »).
Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c'est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu'une simple notice résumant la vie du bienheureux.
Par rapport à une biographie, l'hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L'écrivain, l'hagiographe n'a pas d'abord une démarche d'historien, surtout lorsque le genre hagiographique s'est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l'historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.
D'une manière plus polémique, on parle aussi d'hagiographie pour désigner un écrit (une biographie, l'analyse d'un système philosophique, etc.) trop favorable à son objet, c'est-à-dire manquant de recul et/ou ne laissant guère de place à la critique.
(2) Venance Fortunat : consacre sa jeunesse à l’étude de la grammaire, de la poésie, du droit et de l’éloquence à Ravenne. Vers l’âge de trente cinq ans, en 565 guéri d’une ophtalmie, il forme le projet d'aller à Tours visiter le tombeau de saint Martin, auquel il attribue sa guérison. Il traverse les Alpesla Norique, la Rhétie, l’Austrasie, où il est accueilli royalement par Sigebert et sa femme, la reine Brunehilde à laquelle il voue une profonde admiration. C’est aux fêtes du mariage de Sigebert et Brunehilde à Metz que Fortunat réjouit les oreilles des convives par un poème lyrique en vers latins où il fait de Brunehilde une nouvelle Vénus et de Sigebert un nouvel Achille.
(3) Le terme de « scolastique », dérivé du terme schola, provient du grec scholê au sens d’oisiveté, de temps libre, d’inactivité, qui -plus tardivement- signifie : « tenir école, faire des cours ». C’est qu’en effet, au Moyen Âge, seuls les religieux avaient la « scholê », c'est-à-dire le loisir d’étudier, laissant aux autres (le clergé séculier, les frères convers, les laïcs…) le soin - réputé subalterne - de s’occuper des affaires matérielles.
(4) Bonet ou Bonnet, auvergnat de naissance naquit vers 623 dans une famille d’anciens sénateurs romains. Il fit des études remarquables pour l’époque : grammaire, droit et sans doute rhétorique. Il se préparait ainsi à une carrière à la cour du roi. Il servit comme échanson de Sigisbert III et de Thierry III. Il devint préfet de Marseille (vers 677). Il géra cette ville avec beaucoup de douceur, s’opposant au commerce des esclaves. Il pratiquait un ascétisme sévère.
Son frère Saint Avit était alors évêque de Clermont. Se sentant près de sa fin, il demanda son frère comme successeur et obtint l’accord du roi pour cette nomination épiscopale. Avit mourut rapidement et Bonet devint évêque de Clermont vers la fin de 690. Il continua de vivre pauvrement en jeûnant plusieurs jours par semaine. Sa nomination par son frère lui causa des scrupules : il démissionne et se retire à l’abbaye de Manglieu dans le Puy-de-Dôme. Il entreprend le pèlerinage de Rome, au passage il passe par Lyon où il apaise un conflit entre l’évêque et le duc des Burgondes. Il poursuit son chemin jusqu’à Rome et la légende rapporte qu’en chemin il racheta de nombreux captifs pour les libérer. A son retour il s’installe à Lyon. Il y meurt vers 706.
Son corps fut transféré à Clermont, d’abord à l’église Saint-Maurice vers 712 puis à la cathédrale au XIII° siècle.
Il est fêté le 15 janvier.
Nous connaissons son histoire par un récit composé par un moine de Manglieu vers 715.
Dans le diocèse du Puy, il est patron des églises de Lubilhac et de Saint-Bonnet-le-Froid.
(5)Jean-François Régis (31 janvier 1597, Fontcouverte, Aude - 31 décembre 1640, Lalouvesc, Ardèche) est un jésuite français, missionnaire des campagnes, surnommé « l'Apôtre du Velay et du Vivarais ».
Canonisé en 1737, il est fêté le 16 juin. Le parcours terrestre de cet inlassable « marcheur de Dieu » va se terminer en Vivarais, fin décembre 1640. Malgré une violente tempête de neige, il se met en route pour Lalouvesc, aujourd'hui département de l'Ardèche. Comme à son habitude, il se donne sans compter à toutes ces familles des hameaux de l’Ardèche profonde, il passe des heures dans l'église glaciale de décembre pour écouter, réconcilier, donner les sacrements, et contracte une pneumonie. Alité, il ne va plus se relever : il meurt le 31 décembre, alors que le village est entièrement isolé par les neiges. Plus tard, lorsque de la ville les pères vinrent chercher le corps du Père Régis, les villageois refusent de le rendre. Ainsi ce village se transforme presque aussitôt en un lieu de pèlerinage et l'est encore de nos jours.
(6)Saint François Xavier (en espagnol Francisco Javier, en basque Frantzisko Xabierkoa), nom de naissance Francisco de Jasso y Azpilicueta, né le 7 avril 1506 à Javier, près de Pampelune en Navarre et décédé le 3 décembre 1552 sur l'île de Sancian, au large de Canton en Chine, est un missionnaire jésuite basque navarrais1. Proche ami d'Ignace de Loyola, il est un des cofondateurs de la Compagnie de Jésus.
Ses succès missionnaires en Inde et en Extrême-Orient lui acquirent le titre d'« Apôtre des Indes ». Béatifié en 1619, il est canonisé trois ans plus tard par Grégoire XVLiturgiquement, il est commémoré le 3 décembre aussi bien par les catholiques que par les anglicans.
[À Malacca, François Xavier avait rencontré des Japonais, ce qui lui donne l'idée d'évangéliser également le Japon. Le 15 août 1549, il débarque avec un groupe de missionnaires à Kagoshima. Ses lettres du Japon sont enthousiastes quant aux perspectives missionnaires qu'offre le pays. Il y est bien reçu par les autorités mais a des difficultés avec les moines bouddhistes. Il y baptise un millier de personnes, surtout dans la région de Yamaguchi.]

mercredi 14 novembre 2012

L'oeil à l'orange (2) Variations Goldberg (montagnes d'or)

Aujourd'hui,14 novembre 2012,
 communes de Comps et Truinas (Drôme)
Depuis plus de soixante ans mon regard s'en extasiait, chaque année...
...cette année, monoeil l'a saisi
Les photos 10 et 12 sont celles de "territoires" qu'arpentait le poête André Du Bouchet, son carnet à la main, et que peint toujours Noémi Adda.

lundi 12 novembre 2012

l'oeil à l"'orange" (1)

Première impro sur le thème : "couleur orange"

J'ai glissé la main dans mon sac de photos où la couleur orange était privilégiée ou mise en valeur.
Ce premier choix s'est imposé à moi comme si la mélodie de cette couleur m'entraînait à évoquer une naissance.

samedi 10 novembre 2012

Marcigny N° 42 (3)

Images sans images :


Au menu de "mes" rencontres :

3 films de Raoul Walsh (R.W), 2 films de Helmut Kautner (HK), mais aussi John Huston,(J.H), Ernst Lubitsch (E.L), J.L. Mankievicz,(J.L.M), George Cukor,(G.C), Sidney Lumet,(S.L) Akira Kurosawa (A.K), et Wu Yonggang !

1/ "Ciel sans étoiles" : (H.K. 1955)
Révélation : un grand réalisateur, allemand ("Le dernier pont" palme d'or" à Cannes en 1954).
Thème : "où est ma place ?" . Les héros, condamnés à l'exil dans leur propre pays, cherchent désespérément à choisir "le bon côté".
Une image indélébile : la bataille féroce, sur la ligne de frontière entre les chiens noirs (de l'ouest) et les chiens gris (de l'est).


2/ "Key largo" (J.H.1948).
Un suspense haletant, un "méchant" idéal, E.G. Robinson, un Bogart, séducteur, mystérieux, gentil, avec quelques faiblesses, une L.Bacall magnifique, un papy bougon, généreux sans y avoir réfléchi, comme on les aime ; une coïncidence climatique avec notre actualité : c'est un ouragan qui va tout précipiter ; une question, aujourd'hui réglée ? qu'est ce qu'on fait de ces indiens, à nos portes ?
3/ La femme à abattre (R.W. 1951) :
Un polar magnifique dans les années d'apogée de la Mafia et l'apparition des "contrats" dans le monde de la pègre, avec les tics de Bogart (là, il remonte ses pantalons) sa pugnacité de flic incorruptible, et un dénouement grandiloquemment heureux, tel que la réalité de l'époque ne l'aurait pas permis, précédé d'un petit "bon sang mais c'est bien sûr" à la R.Souplex.

4/ Les fantastiques années 20 (du même R.W 1939)
3ème Bogart, (moins magnifique), "prohibition story" histoire à la Eliot Ness, des chansons doucereuses en cabaret avec oeillades appuyées de la chanteuse convoitée par le malfrat : j'ai du mal, même si c'est un bon film.

5/ La femme du pharaon (E.L.1921)
Grandiose film muet magnifiquement restauré. Les outrances de jeu sont au rendez-vous, les piètres raisons racistes des puissants de faire s'entre massacrer leurs peuples sont là aussi. Mais un autre ressort nous tient en haleine : quelle est la formule qui permettrait d'entrer dans le temple au trésor du pharaon ?

6/ Sanjuro (A.K)
Là, il s'agit de plaisir total pour peu que l'on aime le genre : le meilleur du genre pour les combats, et le manichéisme des personnages, l'humour en plus (samouraïs se rassemblant autour du "chef" comme des poussins de basse cour autour de la poule, décalage de la "vision" des évènements par les femmes, et surtout distance de Kurosawa avec ce genre : il se permet même un peu de jazz dans la musique "moyenâgeuse" japonaise qui l'accompagne traditionnellement).

7 / Hantise (G.C.1944)
Certainement l'une de mes 3 meilleures découvertes : Ingrid Bergman au sommet ... de sa beauté, admirablement "éclairée" par J. Ruttenberg ; "une atmosphère puissante qui devient graduellement de plus en plus angoissante", car nous savons ce qu'elle semble ne pas même pouvoir soupçonner un seul instant. Et un oscar, un !.. de la meilleure actrice pour Ingrid !

Et à part ça tu as vu quoi Lucien ?

8 / Gentleman Jim (R.W. 42)
Au rythme débridé des feintes de corps et de pieds du bel Errol Flynn, on se laisse reprendre à ce rêve américain : partir de rien et arriver au sommet par sa seule volonté "culottée".
La famille qui le "supporte" est haute en couleurs, ses audaces attachantes (si l'on gomme la part de mépris qu'elles contiennent forcément) ; et puis quelques scènes de foules sont bien croquignolesques mais la "leçon" finale si sirupeuse qu'elle ne peut prendre (avec moi en tous cas).

9 / Le capitaine de Köpenick (H.K 1956)
Un personnage chaplinesque tente, en 1906, de sortir de l’imbroglio kafkaïen de l'époque : avoir un travail pour obtenir des papiers mais pas de travail sans papier ! quelle époque ! il y parvient d'une manière si "gonflée" que l'Allemagne (l'histoire est vraie) va être secouée d'un énorme rire et le gracier .

10 / Jules César (J.L.M 1953)
Somptueux !
--"Il paraît que c'est la pièce de Shakespeare que les frêres Taviani ont fait jouer aux prisonniers itailiens dans "César doit mourir !"
-- "Ah bon ?!"
11 / L'homme à la peau de serpent (S.L 1960)
Le meilleur film pour moi de ces rencontres : un magnifique noir et blanc  dans lequel s'affrontent les passions primaires d'un coin perdu de Louisiane, les jeux psychologiques enfiévrés de Tennessy Williams et les caboches d'acteurs de Marlon Brando et Anna Magnani.

12 / La divine (Wu Yonggang 1934)
Magnifique prestation de Prima Vista

Clin d'oeil et coup de chapeau à Paul

Marcigny : Rencontres N° 42 (2)

D'abord le décor : Marcigny

La grand place
La Tour du Moulin
 et non loin de là : Le foyer



Attention : ceci n'est pas la programmation des rencontres : 
mais un aperçu très partiel des richesses inestimables de la Marcynémathèque : plusieurs milliers d'affiches originales
un vrai "trèsor" patrimonial des années lumières perdues ...
Alors là monoeil, tu continues à nous mener dans un (certes) beau bateau, mais toujours rien sur la programmation 2012 !
on aurait un peu comme l'impression de s'être fait posséder, ouais un peu les ...
...de la farce en quelque sorte