Entre effarement,colère, compassion, et réflexions, merci les amis !
A Francine (qui m'a transmis cette lettre )
A Bernard, (auteur de ces réflexions sur son blog : http://www.coletmontée.fr )
Face au terrorisme, que faire?
Posté le 15 novembre, 2015
Quelques réflexions à chaud, n’ayant aucune prétention exhaustive et encore moins irréfragable!
Ce que l’on craignait n’a pas tardé à se produire, et va hélas se reproduire tant que… tant que quoi?
D’abord il s’agit bien d’un acte typique de terrorisme (du type
terrorisme d’État, même si Daech n’est pas un État), et non d’un acte de
guerre (la guerre suppose des règles).
Que faire?
Ce qu’il ne faut pas faire:
- penser qu’il existe une réponse purement sécuritaire au
terrorisme: un Etat n’aura jamais les moyens de surveiller et prévenir
l’imagination meurtrière de la folie humaine (je ne dis pas que tout
effort de sécurité intérieure est vain)!
- penser qu’il existe une réponse purement politique: la situation
du monde arabe est si complexe qu’aucun pays occidental ne peut y jouer
un rôle sans s’y casser les dents, a fortiori dans la division actuelle
des pays arabes, des pays occidentaux, et vu l’absence de politique
étrangère et d’armée européennes: accroitre notre effort de guerre en
Syrie alors que gronde la crise économique et sociale me parait
totalement irresponsable; à l’instar des USA, la France doit arrêter de
se prendre pour le gendarme du monde!
- faire l’amalgame entre islam et islamisme
- se laisser aller à la peur: il est normal d’avoir peur, il serait anormal de ne pas lutter contre la peur
Mais alors, sommes-nous condamnés à l’impuissance?
Avant de chercher des solutions, il faut d’abord se poser les bonnes questions:
- Peur-on nommer l’ennemi à combattre ou à abattre (à détruire, comme dit Valls)?
* Si oui, sommes-nous capables de dire en quoi il est notre
ennemi (combat idéologique ou économique?), et avons-nous les moyens de
le combattre et/ou de l’abattre (après ce qui vient de se passer, est-il
sérieux de faire quelques frappes en Syrie sous prétexte de sécuriser
la France? Et “peut-on tuer une idéologie avec des bombes”?)?
* Si non, comme je le pense, il faut revoir notre politique
extérieure et laisser les pays arabes s’expliquer entre eux, et faire la
transparence au moins sur deux points: notre approvisionnement
pétrolier et nos fournitures d’armes, ce qui aura le mérite de faire
disparaitre quelques hypocrisies!
* Maintenant que nous sommes engagés en Syrie, peut-on faire
machine arrière sans donner raison aux terroristes? A quoi je réponds
qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et que
terrorisme et raison étant antinomiques, il n’y a pas de temps à perdre
avec ça!
- Que cherchent vraiment les terroristes? On ne peut que formuler des hypothèses:
* obtenir notre désengagement en Syrie? Facile à vérifier, voir ci-dessus
* déclencher une guerre civile en Europe, le “ventre mou” du
monde occidental (cf. Abou Moussad al Souri, théoricien de Daech): pour
la France, c’est vraiment mal connaitre la patrie des Lumières! S’en
prendre indistinctement au peuple français ne peut que renforcer le
sentiment et la solidarité nationalistes, ce qui n’est pas forcément
désirable, mais je pense que la réaction du peuple de France sera à la
hauteur de celle du 11 janvier
Pour se donner un cap, quels sont les objectifs à poursuivre?
Là, retour aux sources (Régis Debray, 12/01/15), car en dix mois, nous n’avons pas beaucoup progressé:
- donner à la nation un projet d’avenir: “Les hommes ne peuvent
s’unir que sur un projet qui les dépasse” (et pour moi ce projet passe
par l’Europe, qui reste à construire)
- donner au politique la suprématie sur l’économique: “On ne mesure pas la valeur d’un homme à ses revenus”
- réaffirmer la suprématie du politique sur le religieux: seules
les valeurs républicaines doivent être les critères du rassemblement
- redonner à l’école tout son rôle d’”instruction publique”, notamment dans l’enseignement du fait religieux
Le peuple de France devrait s’atteler à ces finalités: la
construction de réponses communes à ces questions redonnerait du sens à
la citoyenneté.
Bernard
PS1: après avoir reçu quelques réactions à cet article, et entendu les Matins de France Culture de ce jour (16/11/15), je complète sur deux points:
- y a-t-il une explication plausible du comportement des tueurs,
qui n’apparaissent ni comme des demeurés ni comme des miséreux des
bas-fonds de la société?
Une possibilité est la théorie millénariste de la fin du monde
(pourri) qu’il faut accélérer pour permettre à un monde (meilleur)
d’advenir. Mourir et faire mourir pour sauver, ça devrait rappeler
quelque chose à quelques-un-e-s, non? Et une spécialiste de la
“dé radicalisation” (Dounia Bouzar, éducatrice et anthropologue du fait
religieux) a aussi décrit comment, pas après pas, on manipule et on
décervèle. Passionnant.
- ne faut-il pas s »interroger sur l’islam qui peut conduire à l’islamisme?
Il faut bien sûr s’interroger sur toutes les religions
monothéistes, d’où viennent tous les problèmes, et s’accrocher à la
laïcité, qui seule peut nous rassembler, en laissant les croyances de
toutes sortes à la sphère privée.
PS2: Vous connaissez mon attachement à A. Comte-Sponville. Cette fois encore il ne me déçoit pas: La France est en guerre, mais quelle guerre?
A Jacques.P (qui m'a transmis cette vidéo)
https://youtu.be/v6COoJoVXEU
A Michel G. qui m'a transmis celle ci
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/ne-renoncer-a-rien-le-cri-de-francois-morel/
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