Ici rien ne doit être amplifié ou idéalisé : il ne s'agit que de petites surfaces, qui sont des surfaces de repos, des sortes de parenthèses, mais lorsque ces surfaces sont laissées à elles mêmes, c'est à dire à la conduite inspirée qui a fait d'elles, malgré tout, des tentatives ou des paliers contemplatifs, alors quelque chose se dessine, qui est à peine plus qu'un givre ou une poussière, mais qui suffit pourtant à emmener assez loin, c'est à dire entre la terre habitée poétiquement, dont un jour, dans un poème, Hölderlin vit s'ouvrir la certitude, et ce "rêve d'une chose" dont Pasolini (1) fit le titre d'un livre, rêve qui [ . ] désigne si on veut bien l'entendre, tout ce qui, du sein d'une époque, cherche à s'arracher à la pesanteur et à la répétition.
Cela donc, oui, ce "rêve d'une chose" sur les lieux mêmes d'une toute petite hypothèse de curé, mais qui aura vu dans une éclaircie, la joie du travail non aliéné, rencontrer des contenus des matières.
(1) Pier Paolo Pasolini
Le rêve d'une chose
Première parution en 1965
Trad. de l'italien par Angélique Lévi
Collection
L'Imaginaire
(n° 201), Gallimard
Parution
: 11-05-1988
Nini
Infant, Eligio Pereisson et Milio Bortolus se lient d'amitié pendant
la fête du lundi de Pâques 1948, dans un village du Frioul. Ils se
sont rencontrés sous le signe de l'ivresse, ils se retrouveront plus
tard sous celui des illusions perdues : Nini et Eligio reviennent de
Yougoslavie, Milio de Suisse. La nostalgie de l'Italie et la faim les
ont fait rentrer au pays. Ils participent aux manifestations
organisées par les communistes contre les grands propriétaires
terriens, remportent une victoire provisoire et vivent ainsi une
alternance de moments de joie et de drame. Avec eux et la famille
Faedis, avec les histoires d'amour et les deuils, c'est une double
chronique que Pasolini nous livre – celle des petites gens du
Frioul, celle de la jeunesse, habitée par un rêve imprécis : le
rêve d'une chose.
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