Je rentre d'Arles (expos liées aux Rencontres de juillet).
Je vais tenter de vous faire partager quelques émotions de mon oeil, sans images...une nouvelle fois
Expo Joseph Koudelka : Les gitans ( chapelle Saint Anne)
Il y a de la géométrie dans le désordre de la pauvreté, des fiertés aussi, ...,d'être fiers, peut-être ?, de tous ces riens qui valent de l'or : rien d'autre que de la déco pauvre et kitsch d'une chambre, que des fou-rires des enfants, de leurs poses de matamores squelettiques face au photographe, des tristesses, avec du grain photographique. On cotoie aussi dans ce monde la mort ricanante qui rode et que l'on veille avec cette crainte réverencieuse des croyants, un violon emmitouflé d'un chiffon qui souligne ses formes de femme, de petits bonheurs à la tristesse d'accordéon, et ces "carosses" aux ors de plastique "Ammonium".
Les prostituées, rient en montrant leurs seins au seuil de leur cabane de planches loin des oripaux des bordels de luxe....
Il y a aussi ce prisonnier, menotté, avec ce regard qui "tire" encore, sur le photographe indécent, loin devant le village rassemblé, soulagé mais solidaire, et la flicaille qui rend compte, satisfaite.
Medhi Meddacci : Ensp 2006
L'immense hangard où l'on pénètre s'ouvre sur un "mur de 5 écrans géants, "bord à bord", où se succèdent les images de quelques hommes, en bord de mer, de bastingages, d'envies de retours, d'exils subis. Le même pourra nous apparaître dans une image ralentie,
sur les 5 écrans, mais à un moment différent d'un pas de danse, d'une chute à terre, d'un regard au loin sur la ligne d'horizon. Parfois ce ne sera que le bruit et l'image de l'eau brassée par l'hélice ; le bateau y va-t-il ou en revient-il ?
Et puis il y a des images de coursives, des échanges entre ces hommes sur l'incapacité ou la peur, de retourner vers ce pays qui aimante si fort et il y aura, longtemps des images de cette mer qui sépare, et brusquement, face à nous, et de l'un d'entre eux, au delà du bastingage, et qui s'étend sur les cinq écrans, Alger, frontale, immense et orgueilleux moucharabieh blanc, masquant tous les avenirs possibles ou encore à rêver.